lundi 18 novembre 2013

Ours, Diego Vecchio, L'arbre Vengeur



"Une foule compacte lui barrait le passage, composée de parents sur les visages desquels on pouvait reconnaître, d'un simple coup d’œil, les stigmates du manque de sommeil que, depuis quelques mois, Estrella Gutiérrez avait pris l'habitude de reconnaître sur son propre visage chaque fois qu'elle se regardait dans une glace: teint blafard, traits tirés paupière gonflées, yeux injectés de sang."


  Non, ce n'est pas un roman de zombie... quoique, ces parents en manque de sommeil seraient prêt à tout pour trouver une solution à ce mal qui les ronge: l'insomnie de leur progéniture. Si vous avez déjà entendu ces phrases "Maman/ papa, j'ai soif, j'ai chaud, j'arrive pas à dormir, je dois faire pipi, il y a un monstre sous mon lit, raconte-moi encore une histoire..." jusque tard, tard, si tard que vous luttez pour que vos paupières ne se ferment pas telles les portes d'un coffre-fort suisse, alors ce livre est fait pour vous. 

  Estrella Gutiérez fait partie de ces parents, épuisée par les insomnies répétées de son fils Vladimir. Ses ressources de "maternaline" sont à plat. Elle entre un jour dans un magasin de jouets et le vendeur l'informe de l'existence d'un jouet révolutionnaire: un ours en peluche "Gros Dodo". 95% des parents qui l'ont essayé en sont plus que satisfait. Ni une ni deux elle se dirige vers le rayon concerné mais découvre avec désespoir que des hordes de parents zombifiés se tiennent devant des rayonnages vides. Rupture de stock. En proie aux idées les plus noires, Estrella erre parmi les rayons et trouve un petit bac d'objets qu'elle pense soldés. Au fond de celui-ci, un ours Gros Dodo. Elle jette un coup d’œil aux alentours et se dirige à toute vitesse vers les caisses. Mais la vendeuse lui explique que le bac fouillé contenait des jouets défectueux, bons pour la poubelle, elle ne peut donc lui vendre cet ours. Qu'à cela ne tienne, Estrella s'éloigne des caisses et fourre l'ours dans son sac avant de s'enfuir. 
  Le soir même, la tornade enfantine rentre de l'école, dévaste tout sur son passage et refuse de s'endormir. Estrella donne alors l'ours Otto à Vladimir. Quelques minutes plus tard, n'entendant plus un bruit, elle s'endort un sourire béat au lèvres. Sauf que... Vladimir est lui, bien loin de s'endormir! 

Auteur d'un premier recueil de courtes fictions originales et farfelues, aux éditions de l'Arbre Vengeur, "Microbes", Diego Vecchio, jeune auteur argentin talentueux revient avec ce roman à l'imaginaire tout aussi foisonnant. Faisant fi des normes et des genres, les histoires se brouillent dans ce roman, les frontières aussi, l'imaginaire investissant le réel et le lecteur "adulte" retrouve son âme d'enfant! Avec humour et beaucoup de talent il nous emmène dans un monde où le Croque-Dodo règne en maître, tyran ogresque martyrisant créatures de contes et enfants! Ne résistez pas à cet étrange petit roman!



  • Comme toujours, la présentation de l'éditeur (profitez en pour découvrir son catalogue si vous ne le connaissez pas, vous y trouverez à coup sûr des merveilles!)
  • L'article consacré à "Microbes" sur le blog de Claro, Le Clavier Cannibale
  • Une petite vidéo de présentation de l'ouvrage par Diego Vecchio.

jeudi 31 octobre 2013

Upsilon Scorpii, Marie Modiano, l'Arbalète, Gallimard


"Nous ne pouvons donc rien l'un pour l'autre, chacun d'un côté de la barrière... Je m'éloigne, en longeant les rails dans le sens inverse."

   Ce premier roman de Marie Modiano donne la sensation d'un rêve éveillé. Il se passe dans une ville, un pays que l'on semble reconnaître mais dont les noms de lieux ne se réfèrent à rien de réel. La narratrice habite une grande ville, fréquente le café des Berceuses, longe la Cathédrale des Anges, se rend à la gare d'Orient et tente de retrouver son petit ami Freddie dans "les Gardeuses", une région montagneuse de ce pays imaginaire. La monnaie en cours est la nimbe, sensée auréoler le quotidien, elle est plutôt source d'angoisse quand il faut aller l’acquérir par un travail sporadique (des lectures de pièces sur la radio d'Etat) ou plus harassant (à la ferme de Mr et Mme Jouvier). Surtout que ce travail pèse sur ce corps endolori par une maladie dont nous ne connaîtrons jamais le nom et que les spécialistes consultés tentent de guérir par des remèdes étranges (gelée acide, surveillance et filature par un vieillard surnommé Azur...). La narratrice a elle-même du mal à s'ancrer dans ce réel si difficile à appréhender. S'endormant souvent, rêvant d'ailleurs, dans la peau de personnages qu'elle ne connaît pas, parfois des traces de rêves perturbe l'éveil, et le lecteur se perd aussi dans ces histoire aux frontières floues. Il serait difficile de résumer ce roman tant il est à la fois foisonnant et impalpable. On sent l'influence d'Orwell et de Vian dans la construction de ce monde imaginaire: le côté "radio d'Etat" et "permis de déplacement" font penser à 1984 tandis que l'écriture poétique  et cette quête d'un bonheur qui semble fuir, rapprochent ce texte de L'écume des jours de Boris Vian.

   Un voyage parmi la galaxie de Marie Modiano qui laisse une impression étrange, un éclat dans le regard qui donne à la réalité un goût onirique.


lundi 28 octobre 2013

Les Evaporés, Thomas B. Reverdy, Flammarion


"Notre premier baiser est à présent un fantôme
qui hante nos bouches tandis qu'elles
   s'estompent
   vers l'oubli."

    Il est des romans comme celui-ci, inclassables, qui vous touchent sans que vous sachiez dire pourquoi. Ils vous marquent, vous imprègnent alors que le sujet de ce livre tend vers l'évaporation, l'oubli, comme un brouillard qui se lève sur une ville japonaise. 
   Richard B. est un détective américain. Toute ressemblance avec un certain Richard Brautigan est... voulue. Des phrases de ses romans parsèment d'ailleurs le roman de touches noires et poétiques. Passionné par le Japon il y séjourne 7 mois et rédige un Journal du Japon dont s'est grandement inspiré Reverdy dans ce roman.
   Reprenons, Richard B. détective américain, n'aime pas voyager. Il va pourtant devoir traverser l'océan Pacifique afin de mener une enquête. La belle Yukiko, "ses cheveux longs et japonais sont d'un noir qui n'existe que dans ses cheveux", lui demande de retrouver sont père disparu quelques nuits auparavant. N'écoutant que son cœur, Richard se rend au Japon et découvre un monde incroyable où de minuscules couloirs d'hôtel ou des terrasses mènent à des bars privés, où les gens parlent et se taisent et ce qui doit être dit ne l'est jamais, où les gens peuvent s'évaporer, une nuit, laissant femme, enfants, entreprises, et ne jamais revenir. "Monsieur Kaze", le père de Yukiko est l'un d'eux. Un johatsu: "Ce que nous appelons ici johatsu remonte à l'époque Edo. Les criminels ou les gens qui avaient une dette d'honneur allaient se purifier aux sources du mont Fuji. Il y a là des sources chaudes et des établissements de bains, ce sont des villes d'hôtels. Ils prenaient une auberge, ils entraient dans les bains de vapeur et ils disparaissaient. C'est pour cela qu'on les appelle les évaporés." Lors de son périple il rencontre un jeune homme, Akainu, évaporé malgré lui après le tsunami, errant, fuyant une réalité qu'il ne peut admettre, la mort de ses parents.
   Ces quatre personnages fuient, s'évaporent, cherchent un ailleurs meilleur, changement de lieu pour mieux changer de vie. Mais la fuite est-elle la réponse à toute quête? A vous de le savoir en plongeant dans ce roman hybride, roman policier, d'amour, quête existentielle, indéfinissable comme un johatsu s'éloignant dans la nuit japonaise.


Le mont Fuji dans la brume


jeudi 17 octobre 2013

L'île invisible, Francisco Suniaga, Asphalte



"Margarita, l'île de l'utopie, le seul endroit de la planète où tout le monde commande et personne n'obéit."

Margarita, île caribéenne, où l'on "pressent les heures plus qu'on ne les mesure", où les bars fleurissent le long des plages au sable immaculé et à l'eau transparente, image de carte postale faite de langueur, de chaleur, de cocktails, de touristes allemands rougeauds colonisant le littoral. Wolfgang Kreutzer est l'un d'eux. Il quitte l'Allemagne pour ce paradis, rachète un bar avec sa femme, la belle et sensuelle, Renata. Une entreprise florissante et ce jeune couple amoureux et heureux suscite toutes les convoitises. Cela aurait donc pu être une banale histoire d'amour sous le soleil. C'est sans compter l'emprise vampirisante de cette île aux mille secrets, île des passions exacerbées, où la chaleur coule aussi dans le sang. Et voilà Wolfgang retrouvé mort noyé, un après-midi, sur la plage près de son bar. Sa mère, Edeltraud, quitte Düsseldorf après avoir reçu coup sur coup, l'avis de décès et une lettre anonyme suggérant l'implication de Renata et son amant supposé dans la mort de Wolfgang. Aidée de l'avocat José Alberto Bénitez, ils tentent de défaire les cadenas invisibles qui verrouillent la parole des différents acteurs d'une jungle bureaucratique kafkaïenne. De passe-droits en rendez-vous forcés, ils remontent le fil de l'histoire de Wolfgang et de sa malédiction: les combats de coqs. 

Ce premier roman de l'auteur Francisco Suniaga est surprenant à plus d'un titre. Inclassable, ce n'est pas un roman policier à proprement parlé même si l'on remonte le fil d'un décès pour en découvrir la cause, le roman mêle des pages magnifiques sur la description de cette île qui obéit à ses propres règles, aux paysages trompeurs et dont l'une des passions est celle des combats de coqs. Ils font l'objet de passages époustouflants aussi puissants que les pages sur la tauromachie d'Hemingway. On y découvre un monde troublant, étouffant, hors du temps. 

Ce n'est pas tous les jour que vous aurez l'occasion de lire de la littérature vénézuélienne, alors n'hésitez pas à en découvrir un des auteurs déjà emblématique.


dimanche 6 octobre 2013

Franz Schubert Express, Tecia Werbowski, Notabilia, Noir sur Blanc


« Les trajets en train favorisent les confessions, j’imagine ». 

Elle a raison, Maya Ney ! Lors d’un voyage de Prague à Vienne à bord du Franz Schubert Express, elle recueille , malgré elle, ("Aucune issue possible, sinon me suicider en me jetant par la fenêtre; pendant qu'elle me raconte sa vie, je dois donc l'écouter, l'écouter avec attention.") le témoignage d’une veuve éplorée franchement originale, et se laisse charmer par son récit mystérieux de batailles de veuves, d’amants, de testament, de spoliation… Il y a dans la confession de la veuve excentrique assez d’intrigues pour que Maya se sente l’étoffe d’une héroïne d’Agatha Christie et erre dans les cafés viennois à la recherche d’indices permettant de résoudre l’étrange histoire. 

Un an plus tard, lors d’un voyage en sens inverse à bord du Gustav Mahler Express, notre enquêtrice amateur tombe sur un couple de fous se prenant pour Gustav et Alma Mahler, qui se jette à la figure des accusations d’adultère et autres élucubrations théâtrales. Une nouvelle enquête à résoudre, un nouveau parcours à travers Prague, magnifiée sous la plume de Tecia Werbowski. 

C’est avec plaisir que l’on retrouve cette auteure dans la nouvelle et très belle collection « Notabilia », pour un roman intelligent, plein d'humour, de fantaisie mais non  dénué de profondeur, mettant à l’honneur les trains, Prague et Vienne, villes fantasmées où les écrivains hantent encore les cafés.

"Les trains, ces monstres sacrés... Il y aurait des livres entiers à écrire sur leur importance. Tantôt bienveillants, tantôt terrifiants, ils gémissent et hurlent; ils vous endorment, à la façon d'une berceuse  ils sifflent, respirent et soufflent bruyamment, selon le genre de responsabilités qu'on leur confie. Des monstres comme ceux qui ordonnent qu'on emmène des innocents à Auschwitz ou au goulag, en usent et en abusent. Chers, très chers trains, complices de nos rêves..."

William Turner, Pluie, Vapeur et Vitesse :
la grande voie ferrée de l’Ouest
, 1844







jeudi 3 octobre 2013

Ève sur la balançoire, Nathalie Ferlut, Casterman


"Je crois toujours qu'en janvier, New York est sous la neige... comme si le ciel ou la ville me devaient quelque chose... mais ne souriez pas: il fut un temps où New York m'aimait assez pour ça."

Ève Nesbit, seize ans tout juste, un charmant minois et un corps de rêve débarque à New York accompagnée de sa mère. Elles ont du quitter Pittsburgh à la suite du décès soudain du pater familias, avocat, issu de bonne famille. Désargentée, la mère d’Ève ne pense qu'à une chose: exploiter les "charmes" de sa fille pour vivre sans travailler et mettre son fils dans une bonne école. Au début simple modèle pour un peintre, la petite Ève prend conscience que les hommes ne sont pas insensibles à ses belles boucles et sa beauté juvénile. En jouant et prenant des poses de plus en plus suggestives sur les peintures et les photos qu'on lui propose, sa naïveté l'empêche de voir alors que l'homme sait aussi se faire loup, ogre, bête et ne faire qu'une bouchée de cette innocente déguisée en chaperon rouge. Plusieurs tentatives pour sauver une réputation déjà bien mise à mal se solderont par des échecs. Jusqu'à ce jour, sorte d'acmé cauchemardesque, où sa vie bascule définitivement.

Inspirée de l'histoire vraie de Florence Evelyne Nesbit, icône du début du XXème siècle, à l'époque des débuts de la publicité, de l'essor des médias avides de faits divers mêlant glamour et horreur, des premières "stars" américaines.; cette bande dessinée est un vrai petit chef d'oeuvre. En plus d'un scénario très bien mené, le dessin aquarellé évoque les peintures de cette époque onirique, créative, foisonnante. Un conte cruel, une fable moderne, un fait divers qui dit beaucoup de notre monde fondé sur l'image et l'hypersexualisation dévorant l'innocence et les rêves.



mercredi 4 septembre 2013

Lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson, Zulma


"Si la vie est quelque part ce doit être dans les fentes"

Et si l'on devait choisir un livre sur une phrase, celle-ci capterait à coup sûr l'attention. 
Les fentes, pas les failles, des interstices dans les planches d'une porte, cachant et dévoilant tout à la fois, interstices dans la vie, le temps qui s'écoule entre deux lettres, entre deux êtres.

Bjarni est un éleveur de mouton islandais. Homme de passion, il s'implique dans son élevage ovin, fier de ses béliers reproducteurs, attentif au bien-être des brebis, les palpant avec délicatesse comme on palperait le corps d'une femme. Il est aussi très attaché à sa terre, celle qui l'a vu naître et a vu naître ses ancêtres. Terre changeante, magnifique, flamboyante, de légendes: 

"J'ai vu l'homme bleu caché et entendu des revenants frapper à la porte. J'ai senti les forces mystérieuses de l'existence au cœur des buttes et aux endroits ensorcelés et j'ai effarouché les génies tutélaires au moment où mon cheval s'est arrêté. J'ai entrevue les lumières d'il y a longtemps."

Les courbes de cette Nature lui rappellent en permanence Helga. Chaque vallon dessine la poitrine d'Helga, chaque cours d'eau, son corps dans lequel Bjarni noie sa passion et sa frustration.
Helga est éleveuse, comme lui, elle habite sur le coteau d'en face. Son mari préfère s'occuper de juments et déserte la ferme régulièrement. Elle doit seule s'occuper seule de l'exploitation et de ses deux enfants. De son côté Bjarni vit avec Unnur, une "vieille brebis stérile" comme elle se surnomme. Une opération qui a mal tourné et le froid s'installe dans le couple, plus de rapports sexuels et l'espoir d'avoir un enfant qui s'éteint. Alors quand Helga, sensuelle et pleine de vie, s'offre à Bjarni, ce dernier ne peut refuser. 
La suite? Il faut lire cette lettre, magnifique déclaration d'amour, ode à la Nature, la sensualité, aux sentiments qui peuvent faire germer la vie et la détruire aussi.

"Je compris que je ne réussirais jamais à me libérer de ton emprise - j'aurais soif de toi jusqu'à mon dernier souffle."

 Comment résister à une telle déclaration?


  • La présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur c'est ici
  • L'excellent article pour la revue Page des libraires de mon confrère Jean-Francois Delapré.
  • Enfin si vous voulez connaître un peu plus ce pays mystérieux, un petit site intéressant.




lundi 26 août 2013

En Mer, Toine Heijmans, éditions Christian Bourgois



 «Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait. »

Nicolas Bouvier, "L'Usage du monde".


En mer.
Un horizon tantôt plat, mer d'huile, calme, trop, parfois. Le vent se lève, les nuages roulent, noirs, épais, les vagues les imitent. Tout est chaos, la mer semble vouloir rejoindre le ciel.,
Voilà le quotidien de Donald depuis trois mois. Sur son voilier rouge « Ismaël », il navigue sur la mer du Nord, du Danemark au Pays-Bas. Quel est le but de ce voyage ? Simples vacances ou quête de sens ?
Lassé de voir de jeunes employés obtenir les postes importants dans son entreprise, malgré sa ponctualité, sa persévérance, ce temps et cette énergie dépensés, en vain, au bureau chaque jour, il profite d'un congé sabbatique pour s'éloigner et faire le point sur ce qui est désormais essentiel dans sa vie. Son couple ? Il se demande ce qu'il partage encore avec sa femme Hagar après ces quelques années de vie commune hormis cet amour commun pour leur fillette de sept ans : Maria. Cette dernière le rejoint pour les deux derniers jours de traversée. Un moyen de partager un moment de complicité et d'échange. Le père transmettant à sa fille, tel un passeur, son savoir, son amour de la mer, ses observations et ses envolées poétiques sur ce paysage changeant, à la fois si prévisible et incertain.
La dernière nuit avant l'arrivée au port, un orage menace. Donald décide de mouiller au large en attendant que le temps se calme et encourage sa fille à aller se coucher. En pleine nuit, poussé à se retrancher dans la cale par une averse de grêle il en profite pour aller voir si le bruit n'a pas réveillé la fillette. Mais celle-ci ne se trouve plus sur sa couchette. Elle a disparu.
Le premier roman de Toine Heijmans est construit comme un véritable thriller. Un huis-clos oppressant dans cette immensité angoissante où l'homme reste seul face à lui-même, où la raison est mise à mal, où le voyage peut aussi bien vous faire ou vous défaire.


Si l'auteur évoque volontiers à plusieurs reprise Moby Dick d'Herman Melville comme source d'inspiration principale du roman, celui-ci n'est pas non plus sans rappeler un autre roman où la raison du navigateur est malmenée face à des éléments de plus en plus incompréhensibles : Les Aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Alan Poe.

Gravure de Voyage au pôle sud et dans l'Océanie

  • Pour découvrir la présentation de l'éditeur: c'est ici.
  • Les quelques lignes sur l'auteur sont là (en attendant une notice wikipedia en français...).
  • Vous pouvez retrouver une vidéo réalisée par mes confrères de chez Mollat où l'éditrice, Raphaëlle Liebaert présente l'ouvrage.



dimanche 25 août 2013

Jorge Luis Borgès

Puisqu'il faut bien rendre hommage à celui qui m'a inspiré le nom de ce blog et qui m'habite au quotidien. La lecture de ses textes est une découverte perpétuelle, un labyrinthe de sens, de sons, d'histoires, un imaginaire tentaculaire, un terrier aux galeries qui bifurquent. 






"Le soleil du matin resplendissait sur l'épée de bronze, où il n'y avait déjà plus trace de sang. “Le croiras-tu Ariane ? dit Thésée, le Minotaure s'est à peine défendu."

"La Demeure d'Astérion",in L'Aleph, Jorge Luis Borgès, 

Monde sans oiseaux, Karin Serres, Stock




« Il paraît qu’autrefois certains animaux traversaient le ciel grâce à leurs ailes. »

 Petite Boîte d’Os n’a pas connu ces animaux légendaires. Née dans une communauté après le « Déluge », elle observe ce monde étrange qui vibre autour d’elle… les sermons de son père pasteur ; sa mère se baignant nue, au clair de lune, dans le lac où reposent les cercueils des morts – ce même lac d’où l’on extrait les maisons de ceux qui reviennent au village, notamment celle de Joseph le « Cannibale », homme marginal au passé mystérieux. Devenue jeune fille, c’est avec cet homme que choisit de vivre Petite Boîte d’Os. Et c’est cette histoire que nous raconte Karin Serres dans ce court roman, sorte de fable écologique où l’on croise des cochons fluorescents, des lapins mutants, les eaux du lac qui dévorent les terres inexorablement… Mais point d’oiseaux, disparus il y a longtemps par la main de l’Homme maltraitant cette Nature qui lui a été offerte. Poétique, onirique ou cauchemardesque, une douce dystopie pour adultes rêveurs et engagés !

(Article publié dans le numéro 161 de la revue Page des libraires. Disponible sur le site de Page: ici.)



  • Pour découvrir un peu plus Karin Serres voici le lien vers son blog.
  • Quant à la présentation du livre par l'éditeur, c'est par .
  • Enfin, n'hésitez pas à découvrir le remarquable travail de Brigitte Giraud avec la collection "La forêt" chez Stock



Présentations

Bonjour à tous.
Comme l'indique le texte de présentation, ce blog a pour seul but de vous faire découvrir des auteurs, des romans, des maisons d'éditions qui me plaisent, me permettent de voyager dans le temps, de découvrir d'autres horizons. Cette passion pour la littérature m'anime au quotidien dans mon métier de libraire. Cette fonction de "passeur" je souhaite la prolonger ici, avec vous. Aucune prétention donc, si ce n'est celle d'être un guide intègre et intéressant je l'espère. 
Bonne lecture
Astérion