jeudi 3 octobre 2013

Ève sur la balançoire, Nathalie Ferlut, Casterman


"Je crois toujours qu'en janvier, New York est sous la neige... comme si le ciel ou la ville me devaient quelque chose... mais ne souriez pas: il fut un temps où New York m'aimait assez pour ça."

Ève Nesbit, seize ans tout juste, un charmant minois et un corps de rêve débarque à New York accompagnée de sa mère. Elles ont du quitter Pittsburgh à la suite du décès soudain du pater familias, avocat, issu de bonne famille. Désargentée, la mère d’Ève ne pense qu'à une chose: exploiter les "charmes" de sa fille pour vivre sans travailler et mettre son fils dans une bonne école. Au début simple modèle pour un peintre, la petite Ève prend conscience que les hommes ne sont pas insensibles à ses belles boucles et sa beauté juvénile. En jouant et prenant des poses de plus en plus suggestives sur les peintures et les photos qu'on lui propose, sa naïveté l'empêche de voir alors que l'homme sait aussi se faire loup, ogre, bête et ne faire qu'une bouchée de cette innocente déguisée en chaperon rouge. Plusieurs tentatives pour sauver une réputation déjà bien mise à mal se solderont par des échecs. Jusqu'à ce jour, sorte d'acmé cauchemardesque, où sa vie bascule définitivement.

Inspirée de l'histoire vraie de Florence Evelyne Nesbit, icône du début du XXème siècle, à l'époque des débuts de la publicité, de l'essor des médias avides de faits divers mêlant glamour et horreur, des premières "stars" américaines.; cette bande dessinée est un vrai petit chef d'oeuvre. En plus d'un scénario très bien mené, le dessin aquarellé évoque les peintures de cette époque onirique, créative, foisonnante. Un conte cruel, une fable moderne, un fait divers qui dit beaucoup de notre monde fondé sur l'image et l'hypersexualisation dévorant l'innocence et les rêves.



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