dimanche 6 octobre 2013

Franz Schubert Express, Tecia Werbowski, Notabilia, Noir sur Blanc


« Les trajets en train favorisent les confessions, j’imagine ». 

Elle a raison, Maya Ney ! Lors d’un voyage de Prague à Vienne à bord du Franz Schubert Express, elle recueille , malgré elle, ("Aucune issue possible, sinon me suicider en me jetant par la fenêtre; pendant qu'elle me raconte sa vie, je dois donc l'écouter, l'écouter avec attention.") le témoignage d’une veuve éplorée franchement originale, et se laisse charmer par son récit mystérieux de batailles de veuves, d’amants, de testament, de spoliation… Il y a dans la confession de la veuve excentrique assez d’intrigues pour que Maya se sente l’étoffe d’une héroïne d’Agatha Christie et erre dans les cafés viennois à la recherche d’indices permettant de résoudre l’étrange histoire. 

Un an plus tard, lors d’un voyage en sens inverse à bord du Gustav Mahler Express, notre enquêtrice amateur tombe sur un couple de fous se prenant pour Gustav et Alma Mahler, qui se jette à la figure des accusations d’adultère et autres élucubrations théâtrales. Une nouvelle enquête à résoudre, un nouveau parcours à travers Prague, magnifiée sous la plume de Tecia Werbowski. 

C’est avec plaisir que l’on retrouve cette auteure dans la nouvelle et très belle collection « Notabilia », pour un roman intelligent, plein d'humour, de fantaisie mais non  dénué de profondeur, mettant à l’honneur les trains, Prague et Vienne, villes fantasmées où les écrivains hantent encore les cafés.

"Les trains, ces monstres sacrés... Il y aurait des livres entiers à écrire sur leur importance. Tantôt bienveillants, tantôt terrifiants, ils gémissent et hurlent; ils vous endorment, à la façon d'une berceuse  ils sifflent, respirent et soufflent bruyamment, selon le genre de responsabilités qu'on leur confie. Des monstres comme ceux qui ordonnent qu'on emmène des innocents à Auschwitz ou au goulag, en usent et en abusent. Chers, très chers trains, complices de nos rêves..."

William Turner, Pluie, Vapeur et Vitesse :
la grande voie ferrée de l’Ouest
, 1844







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire