«Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait. »
Nicolas Bouvier, "L'Usage du monde".
En
mer.
Un
horizon tantôt plat, mer d'huile, calme, trop, parfois. Le vent se
lève, les nuages roulent, noirs, épais, les vagues les imitent.
Tout est chaos, la mer semble vouloir rejoindre le ciel.,
Voilà
le quotidien de Donald depuis trois mois. Sur son voilier rouge
« Ismaël », il navigue sur la mer du Nord, du Danemark
au Pays-Bas. Quel est le but de ce voyage ? Simples vacances ou
quête de sens ?
Lassé
de voir de jeunes employés obtenir les postes importants dans son
entreprise, malgré sa ponctualité, sa persévérance, ce temps et
cette énergie dépensés, en vain, au bureau chaque jour, il profite
d'un congé sabbatique pour s'éloigner et faire le point sur ce qui
est désormais essentiel dans sa vie. Son couple ? Il se demande
ce qu'il partage encore avec sa femme Hagar après ces quelques
années de vie commune hormis cet amour commun pour leur fillette de
sept ans : Maria. Cette dernière le rejoint pour les deux
derniers jours de traversée. Un moyen de partager un moment de
complicité et d'échange. Le père transmettant à sa fille, tel un
passeur, son savoir, son amour de la mer, ses observations et ses
envolées poétiques sur ce paysage changeant, à la fois si
prévisible et incertain.
La
dernière nuit avant l'arrivée au port, un orage menace. Donald
décide de mouiller au large en attendant que le temps se calme et
encourage sa fille à aller se coucher. En pleine nuit, poussé à se
retrancher dans la cale par une averse de grêle il en profite pour
aller voir si le bruit n'a pas réveillé la fillette. Mais celle-ci
ne se trouve plus sur sa couchette. Elle a disparu.
Le
premier roman de Toine Heijmans est construit comme un véritable
thriller. Un huis-clos oppressant dans cette immensité angoissante
où l'homme reste seul face à lui-même, où la raison est mise à
mal, où le voyage peut aussi bien vous faire ou vous défaire.
Si
l'auteur évoque volontiers à plusieurs reprise Moby Dick
d'Herman Melville comme source d'inspiration principale du roman,
celui-ci n'est pas non plus sans rappeler un autre roman où la
raison du navigateur est malmenée face à des éléments de plus en
plus incompréhensibles : Les Aventures d'Arthur Gordon
Pym d'Edgar Alan Poe.
Gravure de Voyage au pôle sud et dans l'Océanie
- Pour découvrir la présentation de l'éditeur: c'est ici.
- Les quelques lignes sur l'auteur sont là (en attendant une notice wikipedia en français...).
- Vous pouvez retrouver une vidéo réalisée par mes confrères de chez Mollat où l'éditrice, Raphaëlle Liebaert présente l'ouvrage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire